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ConnexionLa Triple Donation à Chinon, le plus vraisemblabe ?
2 participants
Chouandecoeur- Messages : 56
Date d'inscription : 11/04/2019
La Triple Donation à Chinon, le plus vraisemblabe ?
Jeu 23 Déc - 9:47
Je reçois d'un père bénédictin, Frère Philippe OSB, l'article suivant qu'il me demande de bien vouloir insérer dans ce forum.
Cet article concerne tout spécialement Chinon comme lieu de la Triple Donation.
Chouandecoeur
Cet article concerne tout spécialement Chinon comme lieu de la Triple Donation.
Chouandecoeur
Essai de datation de la triple donation
Certes, il n’y a que deux sources nous informant et décrivant cet acte de triple donation, et seulement deux, dira-t-on, compte tenu de l’importance de cet acte :
• D’une part, le témoignage d’un noble qui allait bientôt être arrêté pour trahison contre son pays.
• D’autre part celui d’un clerc français écrivant depuis Rome.
Cet auteur a été identifié par le père Dondaine, dominicain du XXème siècle : c’était le frère prêcheur Jean Dupuy, futur évêque de Cahors. Ce frère dominicain avait des contacts avec les dominicains qui interrogèrent la bonne Lorraine à Poitiers.
Voici les deux sources qui relatent cette scène. Ces deux textes sont très proches par leur essence, et aussi leur sobriété :
• D’une part, le témoignage d’un noble qui allait bientôt être arrêté pour trahison contre son pays.
• D’autre part celui d’un clerc français écrivant depuis Rome.
Cet auteur a été identifié par le père Dondaine, dominicain du XXème siècle : c’était le frère prêcheur Jean Dupuy, futur évêque de Cahors. Ce frère dominicain avait des contacts avec les dominicains qui interrogèrent la bonne Lorraine à Poitiers.
Voici les deux sources qui relatent cette scène. Ces deux textes sont très proches par leur essence, et aussi leur sobriété :
1. La déposition du duc d’Alençon :
« Le lendemain Jeanne vint à la messe du roi ; en le voyant elle s'inclina. Le roi conduisit la Pucelle dans un appartement ; il retint le seigneur de La Trémouille et moi qui parle et congédia les autres.
Jeanne fit au roi plusieurs requêtes ; l'une de ces requêtes fut qu'il fit donation de son royaume au roi du Ciel, et qu'après cette donation le roi du Ciel ferait pour lui ce qu'il avait fait pour ses prédécesseurs, et le rétablirait dans l'état d'autrefois.
Elle demanda au roi plusieurs autres choses dont je n'ai plus souvenance. L'entretien se prolongea jusqu'au dîner ».
Jeanne fit au roi plusieurs requêtes ; l'une de ces requêtes fut qu'il fit donation de son royaume au roi du Ciel, et qu'après cette donation le roi du Ciel ferait pour lui ce qu'il avait fait pour ses prédécesseurs, et le rétablirait dans l'état d'autrefois.
Elle demanda au roi plusieurs autres choses dont je n'ai plus souvenance. L'entretien se prolongea jusqu'au dîner ».
2. La chronique dite "Brevarium Historiale"
« Un jour, la Pucelle a demandé au roi de lui faire un présent. Cette prière fut aussitôt agréée.
Jeanne ne demanda rien de moins que le royaume de France. Le roi, étonné, fit le cadeau après un instant de réflexion. Jeanne l'accepta, et s'en fit faire, par les quatre secrétaires du roi, une charte dont il fut donné une lecture solennelle. Le roi en était un peu ébahi, et Jeanne, en le montrant à l'assistance, tint ce propos : « Voilà le plus pauvre chevalier de son royaume ! »
Presqu'en même temps, par-devant les mêmes notaires, elle livra au Dieu Tout-Puissant le royaume de France qu'elle venait de recevoir en don. Puis, au bout d'un instant, obéissant à un ordre de Dieu, elle investit le roi Charles du royaume de France ; et de tout cela elle fit dresser un acte solennel ».
Jeanne ne demanda rien de moins que le royaume de France. Le roi, étonné, fit le cadeau après un instant de réflexion. Jeanne l'accepta, et s'en fit faire, par les quatre secrétaires du roi, une charte dont il fut donné une lecture solennelle. Le roi en était un peu ébahi, et Jeanne, en le montrant à l'assistance, tint ce propos : « Voilà le plus pauvre chevalier de son royaume ! »
Presqu'en même temps, par-devant les mêmes notaires, elle livra au Dieu Tout-Puissant le royaume de France qu'elle venait de recevoir en don. Puis, au bout d'un instant, obéissant à un ordre de Dieu, elle investit le roi Charles du royaume de France ; et de tout cela elle fit dresser un acte solennel ».
• On constate tout d’abord, le contexte de cette demande :
Après la messe ! Une belle ouverture. Une fois la demande énoncée, le dauphin Charles semble surpris, mais il accepte. On reconnaît là bien le style de Jehanne. Ce fut la seule demande dont le duc d’Alençon se souvienne : cette scène marqua les esprits des contemporains.
• Ensuite, les personnes présentes :
Jehanne et le dauphin, bien entendu, mais aussi le duc d’Alençon ainsi que la Trémouille. La chronique dite " Brevarium Historiale " nous indique également la présence quatre secrétaires du roi.
• Enfin, le lieu :
Jehanne demande à faire dresser des actes solennels par les quatre secrétaires du roi. Donc, on peut en déduire que nous sommes dans un château royal, ou dans un autre lieu avec une telle intendance. Ce sera la seule fois où Jehanne demande une telle procédure administrative, ce qui ne lui ressemble guère. Néanmoins, Jehanne voulut que cet acte soit connu et proclamé !
Après la messe ! Une belle ouverture. Une fois la demande énoncée, le dauphin Charles semble surpris, mais il accepte. On reconnaît là bien le style de Jehanne. Ce fut la seule demande dont le duc d’Alençon se souvienne : cette scène marqua les esprits des contemporains.
• Ensuite, les personnes présentes :
Jehanne et le dauphin, bien entendu, mais aussi le duc d’Alençon ainsi que la Trémouille. La chronique dite " Brevarium Historiale " nous indique également la présence quatre secrétaires du roi.
• Enfin, le lieu :
Jehanne demande à faire dresser des actes solennels par les quatre secrétaires du roi. Donc, on peut en déduire que nous sommes dans un château royal, ou dans un autre lieu avec une telle intendance. Ce sera la seule fois où Jehanne demande une telle procédure administrative, ce qui ne lui ressemble guère. Néanmoins, Jehanne voulut que cet acte soit connu et proclamé !
Maintenant, observons les déclarations de Jehanne au début de sa mission :
• Lors de la première rencontre avec Robert de Baudricourt, Jehanne affirmait que :
« le royaume n’appartenait au dauphin, mais à son Seigneur ; ce dernier cependant voulait que le dauphin devint roi et tint le royaume en commande ; elle ajoutait que, malgré ses ennemis, le dauphin deviendra roi et qu’elle le conduirait pour le faire sacrer » selon Bertrand de Poulengy.
• Lorsque Jehanne reconnut Charles caché parmi les courtisans à Chinon, elle lui déclara :
« Gentil dauphin, j’ay nom Jehanne la Pucelle ; et le Roy des cieux vous mande par moi que vous serez sacré et couronné dans la ville de Reims, et vous serez le lieutenant du Roi des cieux, qui est roi de la France », d’après la déposition de Pasquerel.
• Lorsqu’elle fait dicter les lettres de sommation :
La servante de Dieu se pose comme une intermédiaire entre Dieu et les forces temporelles en présence. Elle ne parle pas au nom du dauphin, mais bien au nom du Roi des Cieux, Lequel exige que les Anglais rentrent dans leurs îles.
Ainsi, l’intention de couronner le dauphin Charles, afin qu’il DEVIENNE LE LIEUTENANT DU ROI DES CIEUX, était l’idée directrice proclamée au début de chacun de ces entretiens importants. Mieux, Jehanne voulut concrétiser solennellement ce fait politique et religieux lors de l’acte de donation du royaume, ou la triple donation.
• Lors de la première rencontre avec Robert de Baudricourt, Jehanne affirmait que :
« le royaume n’appartenait au dauphin, mais à son Seigneur ; ce dernier cependant voulait que le dauphin devint roi et tint le royaume en commande ; elle ajoutait que, malgré ses ennemis, le dauphin deviendra roi et qu’elle le conduirait pour le faire sacrer » selon Bertrand de Poulengy.
• Lorsque Jehanne reconnut Charles caché parmi les courtisans à Chinon, elle lui déclara :
« Gentil dauphin, j’ay nom Jehanne la Pucelle ; et le Roy des cieux vous mande par moi que vous serez sacré et couronné dans la ville de Reims, et vous serez le lieutenant du Roi des cieux, qui est roi de la France », d’après la déposition de Pasquerel.
• Lorsqu’elle fait dicter les lettres de sommation :
La servante de Dieu se pose comme une intermédiaire entre Dieu et les forces temporelles en présence. Elle ne parle pas au nom du dauphin, mais bien au nom du Roi des Cieux, Lequel exige que les Anglais rentrent dans leurs îles.
Ainsi, l’intention de couronner le dauphin Charles, afin qu’il DEVIENNE LE LIEUTENANT DU ROI DES CIEUX, était l’idée directrice proclamée au début de chacun de ces entretiens importants. Mieux, Jehanne voulut concrétiser solennellement ce fait politique et religieux lors de l’acte de donation du royaume, ou la triple donation.
3. Autre source relatant la triple donation
Une autre source évoque la triple donation !
C'est le trésorier de l’empereur Sigismond, Eberhard de Windecken :
« Quand la Pucelle arriva auprès du dit roi, elle lui fit promettre trois choses : la première, de se démettre de son royaume, d'y renoncer, et de le rendre à Dieu de qui il le tenait ».
Il est plus qu’intéressant de noter que cette source est allemande ! Donc, en dehors de la France, les États Pontificaux et l’Allemagne avaient connaissance de ce qui se jouaient à la cour du dauphin. On comprend trop bien l’absence d’une telle scène dans les archives anglaises ou bourguignonnes.
C'est le trésorier de l’empereur Sigismond, Eberhard de Windecken :
« Quand la Pucelle arriva auprès du dit roi, elle lui fit promettre trois choses : la première, de se démettre de son royaume, d'y renoncer, et de le rendre à Dieu de qui il le tenait ».
Il est plus qu’intéressant de noter que cette source est allemande ! Donc, en dehors de la France, les États Pontificaux et l’Allemagne avaient connaissance de ce qui se jouaient à la cour du dauphin. On comprend trop bien l’absence d’une telle scène dans les archives anglaises ou bourguignonnes.
Conclusion
Partons de la chronique "Brevarium Historiale", qui semble avoir été écrite « fin du mois de mai 1429 ou dans des premières semaines de juin ». Cette chronique ne fournit aucune indication chronologique. Elle s’arrête à la levée du siège d’Orléans, et la triple donation est le dernier épisode relaté par cette chronique.
La déposition du duc d’Alençon évoque la triple donation trois jours après l’entrevue de Chinon. C’est la seule indication temporelle que nous possédons. Or, toutes ces indications évoquées ci-dessus au début de la mission publique de Jehanne vont également dans le même sens !
Une des caractéristiques de Jehanne, c’est de faire, plus que de parler.
Alors, une fois les actes de donation rédigés, pourquoi en reparler ? D’ailleurs, ces derniers étaient connus... jusqu’en Allemagne ; c’était l’objectif recherché de la servante de Dieu que de les faire reconnaître. N’oublions pas le contexte religieux de cette époque, dans lequel l’acte de la triple donation s’insère parfaitement, même s’il est unique en son genre ! Enfin, après le sacre, le roi Charles VII gouvernera son peuple de manière très chrétienne (Voir l’article sur la spiritualité de la triple donation).
En conclusion, la déposition du duc d’Alençon est donc parfaitement cohérente avec ce que nous connaissons de la bonne Lorraine.
La déposition du duc d’Alençon évoque la triple donation trois jours après l’entrevue de Chinon. C’est la seule indication temporelle que nous possédons. Or, toutes ces indications évoquées ci-dessus au début de la mission publique de Jehanne vont également dans le même sens !
Une des caractéristiques de Jehanne, c’est de faire, plus que de parler.
Alors, une fois les actes de donation rédigés, pourquoi en reparler ? D’ailleurs, ces derniers étaient connus... jusqu’en Allemagne ; c’était l’objectif recherché de la servante de Dieu que de les faire reconnaître. N’oublions pas le contexte religieux de cette époque, dans lequel l’acte de la triple donation s’insère parfaitement, même s’il est unique en son genre ! Enfin, après le sacre, le roi Charles VII gouvernera son peuple de manière très chrétienne (Voir l’article sur la spiritualité de la triple donation).
En conclusion, la déposition du duc d’Alençon est donc parfaitement cohérente avec ce que nous connaissons de la bonne Lorraine.
Frère Philippe OSB
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